Avez-vous le sens de l’humour ? Sous son apparence anodine, cette question aborde un point de la conscience humaine aussi vaste que complexe et englobe autant de domaines qu’il y a de « sens de l’humour ». Affaire de psychologie mais aussi de sociologie et d’anthropologie, cela fait seulement une petite trentaine d’années que le sujet est étudié par la science. Auparavant l’humour était considéré comme un manque de sérieux et de maturité, tandis qu’aujourd’hui on l’aborde tel un bienfait pour notre santé. Dans cet article, Digitalizers vous propose d’explorer la notion de l’humour dans le monde professionnel.
Comment ça marche ?
À ce jour, des zones restent à éclaircir sur ce sujet et les études tendent à indiquer que notre sens de l’humour dépend de multiples facteurs tel que les milieux sociaux, culturels ou d’autres encore. En effet, le genre et l’âge de la personne influencent son sens de l’humour car les « antennes » qui perçoivent la blague ne fonctionnent pas de la même manière que l’on soit par exemple jeune ou moins jeune. D’après l’étude du Dr Gil Greengross, il s’avère qu’en vieillissantnos capacités cognitives s’amenuisent et de ce fait notre capacité à produire de l’humour diminue. En revanche les personnes d’âge plus mûr ont une meilleure réceptivité à celui-ci.
Pour simplifier : quand on est jeune ont fait des blagues et quand on est « vieux » on les comprend 😉 .
Dans une étude la notion genre a été approfondie, l’activité cérébrale réagit différemment qu’on soit un homme ou une femme, même s’il existe un tronc commun. Les femmes par exemple l’utilisent principalement comme un moyen d’adaptation à leur milieu.
Ci-dessus, les zones cérébrales activées par l’humour.
De l’humour au rire, un chemin cérébral
Pour que l’humour soit perçu comme tel notre cerveau passe par différentes étapes. Tout d’abord il doit analyser et comprendre la situation, pour cela, le cortex frontal s’active, il est responsable de la réflexion et de la logique. Afin que la situation en question devienne humoristique, une incongruité doit exister ou un illogisme dans la trame de l’histoire. Ensuite, l’information est transmise au système limbique, le siège des émotions. Ce dernier posera un sentiment sur l’information reçue, en l’occurrence que cette information est drôle. Enfin, c’est le moment de passer à l’action, alors l’information est envoyée au tronc cérébral en charge des réflexes, se produisent alors tous les signes que l’on identifie comme le rire. Cela se traduit par des spasmes musculaires, le visage rougit sous l’afflux sanguin, les poumons reçoivent plus d’air, la voix devient plus forte et des larmes sont éventuellement sécrétées.
Bien entendu ces mécanismes cérébraux présentent des nuances, des recherches continuent d’être menées.
De l’humour pour une équipe soudé ?
L’humour est un langage universel à la portée de tous.
Dans le cadre d’une entreprise, c’est un gain pour qu’une équipe soit soudée et solidaire. Ces avantages se ressentent sur l’aspect humain. L’humour favorise la rencontre entre collaborateurs, en identifiant et créant des liens et des points communs dans leur humanité et non plus seulement sur l’aspect purement professionnel. L’entente entre les employés est stimulée. Plus il est présent dans le temps, plus il entraine la motivation et l’envie de s’investir.
Comme le bâillement, l’humour et la bonne humeur sont contagieux, ils permettent une plus grande convivialité et deviennent déclencheurs d’enthousiasme. En mettant les collaborateurs à l’aise, ils réduisent le stress et augmentent la créativité. Ceci est essentiel à la résolution de « problèmes » car ils placent les employés en mode : « Il n’y a pas de problèmes, seulement des solutions ». En ayant la possibilité d’évoquer des idées qui paraissent hors cadre sur le ton de l’humour, cela permet de s’exprimer en toute liberté sans crainte du jugement, là nous sommes confortés par Freud pour qui le rire était un moyen d’adaptation à notre milieu. En écoutant avec bienveillance la remarque « humouristique » de votre collaborateur, il se pourrait bien qu’il ait mis le doigt sur THE solution. Sans compter le fait que plus il se sentira à l’aise, plus il s’exprimera, plus il s’investira, et ainsi de suite…
Enfin, l’humour favorise la productivité. Point important dans le cadre professionnel, toutes les entreprises souhaitent l’accroitre et cela dépend directement de leurs collaborateurs. Les tâches motivantes ou challengeantes sont les parties préférées mais il y aussi celles plus contraignantes. En ajoutant une touche d’humour, un ton plus léger, éventuellement quelques blagues, celles-ci paraîtront moins ingrates. Le collaborateur, moins réticent, ira plus vite et sera plus concentré. La motivation à effectuer son travail perdurera dans le temps : il se souviendra plus du moment passé que de la tâche « moins sympa ». Se réjouir tous les matins d’aller au travail est une sorte de Graal et celui-ci est atteignable, si, si !
L’humour est-il vraiment aux antipodes du sérieux ?
Nous vivons actuellement une période de changements, au-delà de la révolution numérique, notre société évolue, avec entre autres l’arrivée des générations Y et Z ayant des critères de qualité de vie élevés. Les méthodes de management doivent s’adapter, de nouveaux outils apparaissent, comme la méthode Insight (voir article), le Scrum ou le Design thinking (voir article). Le management se trouve face à de nouvelles problématiques et doit trouver des solutions, entre autres pour améliorer l’implication.
Chez Digitalizers, on s’interroge sur le bien-fondé de la croyance consistant à associer sérieux et résultats d’entreprise. N’est-elle pas obsolète ? En effet, un cadre trop rigide, parfois à la limite de la dictature, peut-il rendre un collaborateur productif ? Quand la hiérarchie fait peur, on peut légitiment s’interroger sur la qualité de l’ambiance au travail et donc de la productivité.
Pourrions-nous envisager le postulat inverse : humour = qualité de travail ? Petite révolution en soi-même, un peu comme la théorie de la terre ronde plutôt que plate. Comme toute croyance, celle-ci voit son application dans la vie quotidienne professionnelle. Dans l’exemple cité* par le Docteur Paul McGhee, lors d’une situation de crise intense, le supérieur, par une histoire drôle, appropriée au contexte, a désamorcé, allégé pour finalement dédramatiser les tensions internes autant qu’externes. Par ce trait d’humour, il a su insuffler un esprit d’équipe et retrouver, par la même occasion, sa propre humanité, créant un lien indéfectible entre toutes les personnes présentes. Comme par magie (!), l’ambiance a changé, l’humeur générale s’est détendue et ce responsable hiérarchique, perçu comme un « tortionnaire » est apparût homme, comme eux
et dans la même « galère ». L’état d’esprit s’est modifié et s’est orienté vers la tâche à accomplir ensemble et non plus sur l’insatisfaction provoquée par le contexte. L’humour se révèle être un levier actionnable en tout contexte et dans toutes entreprises. Finalement on peut même l’appréhender comme une preuve d’optimisme, orienté solution, issu d’un certain savoir-vivre et d’une capacité de recul. La recette peut sembler simple, voir simpliste. Détrompez-vous, l’humour demande une certaine finesse dans le dosage, un équilibre entre les saveurs pour ne pas gâter la sauce.
De l’humour à la moquerie, il n’y a qu’un pas… Celui de trop !
La question se pose ; peut-on rire de tout ?
Ici, nous laisserons, à nouveau, de côté la sphère privée, pour nous concentrer sur le monde professionnel dans lequel la réponse est clairement non. L’humour est une force quand il rassemble, pas quand il écrase !
Avez-vous déjà entendu cette phrase : « hooo, mais pourquoi tu te vexes ? Ce n’est qu’une blagounette ! » Et bien non, c’est détestable ! On connaît rarement en profondeur la vie privée
de nos collaborateurs, leurs expériences passées, leurs blessures, leur éducation, leurs affinités, aussi la sphère de l’intimité doit être respectée. Pour de bons rapports de travail et pour éviter les émotions négatives, il est nécessaire de faire attention à quelle sorte d’humour nous utilisons, cela peut être gênant ou maladroit. évidemment des sujets sont à éviter ; la politique, la religion, le racisme, la misogynie ou tout autres sujets ayant trait à la discrimination de manière générale.
Pour faire rire, il existe plusieurs outils, chacun demandant son savoir-faire.
L’ironie consiste à dire l’inverse de ce que l’on pense, elle est valable pour des circonstances,
non des personnes. La moquerie est proscrite d’office, même dite sur le ton d’un soi-disant humour, qu’elle soit destinée aux autres ou à nous-même. Dans le premier cas vous risquez de blesser la personne, avec pour résultat une attitude défensive ou de retrait, abîmant le lien de confiance dans la relation professionnelle. Dans le second cas, il est sain de rire de soi-même et attention à la manière de le faire.
Ceci implique une certaine forme d’humilité, mais peut tendre à se décrédibiliser. Alors prudence, évitez l’auto-sabotage, profitez-en pour mettre vos talents en valeur !
Par exemple, quand une livraison de bijoux a du retard ; évitez : « les bijoux de famille
sont gelés » préférez un « les 3 mousquetaires se sont arrêtés boire un verre ».
Comme nous l’avons vu plus haut, l’humour, c’est bien, en faire bon usage c’est mieux, reste à trouver quand et à quelle dose ? Autant, il permet une meilleure cohésion d’équipe, créativité, productivité, etc… Autant une surdose au mauvais moment produit l’effet totalement inverse. L’idée est d’éviter de passer pour le plaisantin de l’équipe, indigne de confiance, et plutôt, grâce l’humour, générer un regain de motivation et d’intérêt. De chaque côté du lien hiérarchique, le respect, le bon sens et la juste mesure seront appréciés et des recadrages, parfois nécessaires.
De l’humour pour plus d’amour ?
Chez Digitalizers, comme on aime partager, nous vous avons préparé un beau et grand post-it rappelant les bénéfices de l’humour. Que vous pouvez télécharger, imprimer, afficher, donner telle une carte de vœux puisque l’on est encore en janvier… 🙂
Enfin, l’humour demande de l’intelligence et de l’empathie, il nous met en valeur. Se détacher du regard des autres est essentiel, bref, il demande un peu d’audace, aussi pour commencer, préférez les collègues que vous appréciez et qui seront indulgent en cas de flop !
En conclusion, prenez le droit d’exprimer votre sens de l’humour avec sagesse. Soyez fin,
initiez les traits d’humour, c’est un cercle vertueux, cela pourrait faire boule de neige ! L’ambiance peut changer du tout au tout, avec tous les avantages que ça représente ; plus de légèreté,
plus d’entrain pour danser intérieurement et performer dans votre job. Vous aurez la productivité d’un super-man/woman et la créativité des plus grands artistes ! Sentez-vous le Graal
se rapprocher ?
Alors partagez avec nous vos dernières touches d’humour en commentaire !
Auteures : Oriane Alessandri In/Oriane-Alessandri et Sophie Rinieri In/SophieRinieri
Sources :
Brain Activation during Sight Gags and Language-Dependent Humor | Cerebral Cortex | Oxford Academic (oup.com)
L’humour et le rire : leurs bienfaits • Humour au Travail (humour-au-travail.fr)
Humor and Aging – A Mini-Review – FullText – Gerontology 2013, Vol. 59, No. 5 – Karger Publishers
Les causes du rire prodromique | Dossier (futura-sciences.com)
Team Building Humor Strengthens a Team Identity or Spirit (laughterremedy.com)
*Team Building Humor Strengthens a Team Identity or Spirit (laughterremedy.co